L’hiver, on compte les oiseaux hivernants
Qu’est ce qu’un oiseau hivernant ? C’est un oiseau qui séjourne en hiver dans un lieu donné. Chez nous en Dordogne les oiseaux hivernants :
- Viennent du Nord, NE de l’Europe car ils y trouvent des conditions plus favorables pour se nourrir. Ils sont donc migrateurs et hivernants (grues, certains anatidés (canards), passereaux…).
- Peuvent être sédentaires à l’année donc présents toute l’année chez nous et se satisfont des conditions devenues moins favorables pour se nourrir. Ils peuvent changer leur régime alimentaire. Ils sont nicheurs et hivernants.
On considère que le comptage à mi-janvier est la période la plus stable pour dénombrer les oiseaux d’eau hivernants.
Connaissez-vous le comptage Wetlands ?
Le comptage Wetlands (zones humides en anglais) est un programme international de suivi des oiseaux d’eau hivernants mis en place chaque année.
Ce programme permet d’identifier les sites prioritaires pour l’accueil des oiseaux d’eau, notamment ceux dont l’importance est reconnue au niveau international par la Convention de Ramsar pour la protection des zones humides. Il permet également de fournir de précieuses informations sur les espèces, avec une estimation des tailles des populations suivies et leurs évolutions, tant au niveau national, qu’au niveau international et de préciser leur répartition et ses éventuelles modifications. Les tendances ainsi obtenues peuvent être étudiées au regard de plusieurs paramètres environnementaux comme par exemple le changement climatique.
De nombreux ornithologues périgourdins participent à ce comptage chaque hiver.
Quelle est la situation en Dordogne ?
Une situation géographique favorable
D’une façon générale la Dordogne se trouve sur un axe migratoire connu SUD-OUEST/NORD-EST pour de nombreuses espèces.
Au delà du flux migratoire à proprement parler c’est surtout le positionnement d’un site en grande vallée alluviale qui semble être est un atout majeur.
Les plans d’eau situés dans les grandes vallées alluviales accueillent davantage d’espèces en nombre et en diversité. Ces grandes vallées servent de corridors aux espèces qui y trouvent des étangs, des gravières, des zones humides liées aux rivières. Les oiseaux parcourent en effet les grandes vallées alluviales constituées notamment de gravières ou autres plans d’eau.
Quels sites aller prospecter pour voir les oiseaux d’eau en hiver?
Malgré une situation géographique favorable, la Dordogne ne possède pas forcément de très grands plan d’eau qui soient vraiment favorables à l’observation des oiseaux d’eau. Cependant certains d’entres eux peuvent accueillir ponctuellement des espèces plutôt rares à la faveur de conditions froides et défavorables dans le Nord de l’Europe.
Par une analyse du régime alimentaire des espèces présentes sur la plupart des sites suivis, on peut tout de même dire que les sites ne sont pas attractifs pour les espèces dites herbivores mais davantage pour les omnivores (Canards colvert) et piscivores (Grèbes et Grands cormorans). L’absence, en général, de Foulque macroule, espèce habituellement assez commune dans les grands plans d’eau ou d’autres anatidés et oies en témoigne. Les plans d’eau, de par leurs profondeurs, les caractéristiques de leurs berges souvent pentues, et aussi par la composition de la population piscicole (poissons herbivores présents un temps) empêchent l’installation d’herbiers aquatiques. Aussi l’absence de prairies inondées ou concomitantes au plan d’eau ne permet pas d’attirer les populations d’oies ou de canards herbivores.
Ils ne sont également pas attractifs pour les Limicoles, espèces qui se nourrissent sur les vasières ou zones exondées. Hormis le fait que cela puisse se comprendre du fait que les étangs soient remplis à la période du comptage, ces derniers ne comportent pas ou très peu de zones de haut-fond (peu de profondeur d’eau) dans lesquelles les échassiers et limicoles peuvent se nourrir. En effet les oiseaux, en fonction de leur régime alimentaire ne fréquentent pas les mêmes endroits au sein d’un étang :
Les sites de Miallet et Lescouroux peuvent être plus attractifs par l’effet miroir qu’ils peuvent procurer aux oiseaux en vol mais aussi parce qu’ils offrent des zones dites de refuges pour les oiseaux (souvent au milieu du plan d’eau pour permettre aux oiseaux de voir arriver le danger éventuel de loin).
Les gravières de la vallée de l’Isle et de la Dordogne (Moulin Neuf, Lamothe Montravel, Vélines) le sont aussi car elles se situent dans les grandes vallées alluviales où circulent beaucoup d’oiseaux qui y trouvent des conditions attractives souvent en queues d’étangs ( zones humides adjacentes).
Les critères importants qui conditionnent l’attractivité d’un plan d’eau
La configuration du plan d’eau
La forme d’un plan d’eau, en plus de sa superficie, sera un critère à prendre en compte dans l’attractivité aux oiseaux d’eau. Un plan d’eau « allongé » ou étroit est moins favorable à l’accueil des oiseaux d’eau à superficie équivalente. Surtout en hiver et en migration lorsque les oiseaux se posent pour se reposer. Ils ont besoin de zones de quiétudes, rassurantes. En période de nidification, cela est moins vrai puisque certaines espèces vont nicher en berge.
La configuration des milieux naturels sur les sites
Positionné en milieu ouvert ou fermé (forêt) un étang peut être plus ou moins attractif pour les oiseaux d’eau. En milieu ouvert les oiseaux se sentent plus en sécurité et cela permet aux oiseaux herbivores de fréquenter les prairies annexes.
La présence d’une ripisylve
On entend ici par ripisylve une ceinture végétale autour du plan d’eau mais qui n’est pas forcément boisée (jonchaie, roselière, cariçaie…) La ripisylve assure de nombreuses fonctionnalités dont celles de stabiliser les berges, d’épurer les eaux. Mais elle est le lieu de nidification et de nourriture de nombreux oiseaux et elle constitue un refuge pour ces derniers. La ripisylve constitue un véritable corridor écologique en assurant la continuité entre milieux et elle permet un échange entre populations distantes.
L’activité humaine
C’est un critère essentiel si ce n’est principal à la présence d’oiseaux d’eau sur les sites . D’une façon générale les multiples activités qui se pratiquent parfois sur les mêmes secteurs peuvent être source de dérangement sur ces populations d’oiseaux (canotage, pêche en embarcations surtout, chasse autour… et certains sports de pleine nature).
Deux types de dérangement sont décrits par les scientifiques : le dérangement actif où la pratique d’une activité effarouche directement les oiseaux présents (pêche en embarcation surtout, activités sportives…photographes…) et le dérangement passif lorsqu’une zone favorable aux oiseaux est évitée par les espèces en raison de la présence humaine. Dans les deux cas, le dérangement se traduit par une perte de zones d’alimentations et/ou de repos.
Pour résumé
Sur la plupart des plans d’eau vous y trouverez du Canard Colvert, du Grand cormoran, du Grèbe huppé, du Grèbe castagneux et du Héron cendré.
Sur les plans d’eau disposant d’herbiers, vous pourrez y trouver le Foulque macroule ou encore la Gallinule poule d’eau.
Sinon dans les vallées alluviales vous pourrez en hiver observer d’autres espèces moins communes, comme le Fuligule morillon, le Fuligule milouin et plus rarement du Canard souchet, du Canard pilet…
Quelques conseils avant de partir
Une sortie d’observation de la faune se prépare à l’avance.
Vérifier la météo
L’hiver les conditions ne sont pas toujours optimales pour l’observation des oiseaux. Il peut faire du soleil chez vous et y avoir du brouillard par ailleurs, surtout dans les vallées alluviales. Essayez de consulter la météorologie avant de vous déplacer. Lorsqu’il gèle, certains étangs peuvent geler, là aussi surtout en fond de vallée. En présence de gèle, les oiseaux seront absents et se déplacent sur les plus grands plans d’eau où l’eau peut être encore libre.
S’équiper de matériels adaptés
Observer les oiseaux sur les grands plans d’eau peut nécessiter du matériel adapté à la vision de loin. A minima une paire de jumelles, sinon vous risquez d’être déçus.
Avoir un comportement adapté
Pour pouvoir observer les oiseaux sur les plans d’eau, cela nécessite d’adapter son comportement. Les oiseaux surtout, s’ils sont migrateurs, sont farouches et ont tendance à se positionner au milieu du plan d’eau ou à s’envoler à votre arrivée si vous n’êtes pas discret. Aussi pour mettre toutes ses chances de son côté mieux vaut éviter d’arriver sur le site avec son chien, même attaché, ce dernier pourrait aboyer, de mettre des couleurs trop vives, de faire du bruit …
Sur ces aspects d’approche de la nature nous vous recommandons de lire notre article dédié à l’observation de la nature !
Une sortie nature pour les découvrir !
Au mois de février 2025, Nature en Périgord vous proposera une sortie de découverte des oiseaux d’eau. Surveillez notre programme !
Texte: Sylvain WAGNER Photos: Sylvain WAGNER et Didier VERGER
Sources : CEN Rhône Alpes, OFB