Le chat, ce fin prédateur en expansion

La Pologne vient de déclarer le chat domestique nuisible!

Et la Belgique pourrait bientôt en faire autant! Pourquoi cette démarche qui fait hurler les propriétaires de ces chères boules de poils?

La plupart d’entre nous possède au moins un chat, duquel nous somme souvent esclave car nous l’aimons comme un membre de la famille, mais qui demande soins et surveillance donc une responsabilité citoyenne et environnementale.

Un peu d’Histoire de Felis catus

Nos matous descendent du chat sauvage du Proche-Orient et d’Afrique du nord (Felis silvestris lybica).

Il y a environ 10 000 ans (début du Néolithique), les chasseurs-cueilleurs se sont sédentarisés développant l’agriculture et créant des réserves de grains. Ces dernières ont attiré les chats, trouvant plus facilement leurs proies et aidant ainsi ces nouveaux paysans à protéger leurs récoltes des rongeurs, scorpions, serpents….

Le chat est arrivé par vague en Europe par voie maritime, suggérant une relation homme-chat déjà établie. La rencontre chat égyptien et chat indien a suscité des métissages. Divers individus ont ainsi voyagé par bateau, colonisant diverses contrées. Il est devenu en tout premier un animal utile dans les fermes, puis domestiqué comme animal de compagnie.

Qu’en est-il en France

En 2020, on comptait 15 millions de chats (de propriétaires, sans compter les chats libres), population toujours en forte progression. (Population animale – facco.chiffres-cles-de-la-population-animale/)

On estime aujourd’hui à 11 millions le nombre de chats errants (selon les études de One Voice, 30 Millions d’amis, Fondation Brigitte Bardot). Se pose alors la question de la stérilisation sachant qu’une femelle peut avoir 2 portées par an avec environ 3 chatons minimum/portée. Voici un tableau estimatif des naissances:

naissance chatsreproduction-chat

 

En 2022, tous les refuges de France et associations font le même constat: un arrivage massif d’animaux abandonnés dont énormément de chats errants souvent en mauvais état. Amener un chat en refuge ou en association est un parcours du combattant.

La SPA fait le constat des abandons en 2022:  16 457 animaux dont 11 268 chats! Communique_SPA_Bilan_ete_2022.pdf.

Des conséquences multiples

Problèmes sanitaires

Les chats errants peuvent transmettre des maladies aux chats du foyer: Sida du chat (FIV), Leucose, Coryza, maladie de Carré…pouvant contaminer des espèces sauvages qui y sont sensibles. Certaines peuvent entrainer la mort du chat et ces maladies occasionnent des frais vétérinaires réguliers.

Ils sont également porteurs de zoonoses transmissibles à l’humain: celles liées aux morsures et aux griffures (rage, maladie des griffes du chat, pasteurellose) et celles liées à la cohabitation (vers intestinaux, échinococcose, toxoplasmose, maladies cutanées, teigne, gale…).

Des nuisances auprès des riverains

Une colonie de chats errants cause des tensions en ville ou dans les bourgs: marquages urinaires, miaulements, bagarres…

Des impacts importants sur la biodiversité

Le chat est inévitablement associé à la divagation, l’abandon, le retour à un état sauvage. Ce qui pose aujourd’hui problème face à la petite et moyenne faune sauvage.

Ils sont responsables de la disparition de 33 espèces d’oiseaux en autres dans le monde avec une importante problématique sur les îles. En France il rentre en compétition et s’hybride avec le Chat forestier, assurant son déclin.

En 2015 la SFEPM a lancé un projet de Science participative . Elle invite les propriétaires de chats à noter sur un site internet (ou via papier) leurs observations sur les espèces prédatées par leur chat. Un premier constat a pu être dressé après 27000 données à ce jour:

espèces prédatées

Par observation directe, le chat prédate (souvent sans consommation mais par jeux) des micromammifères (souris, mulots), des reptiles (jeunes serpents, lézards), des amphibiens (grenouilles), des mammifères (chauves-souris, lapereaux), des oiseaux (toutes les espèces petites et moyennes du jardin), des insectes (sauterelles, grillons, hannetons, papillons), des poissons (ceux du bassin), des araignées… Bon, à côté de ça, nos voitures ne font pas mieux!

 

Du trafic d’animaux

La pullulation des chats favorise le trafic animal dont le rapt. Ou vont ces animaux? peut-être vers des laboratoires pour des tests (ignobles)? Dépecés pour fabriquer des animaux décoratifs tout doux tout mignon? pour le commerce de la fourrure? Voir mangés…C’est pour cela qu’en bonne intelligence nous devons stériliser et identifier nos chats, faire le nécessaire pour qu’ils restent le plus possible à la maison.

En Suisse, le tannage des peaux de chats était autorisé jusqu’en 2013. On assistait à la disparition de chats dans les départements français  limitrophes à la Suisse. il faut 24 peaux de chats pour fabriquer un manteau, vendues chacune entre 7 et 10€. Aujourd’hui ces pratiques sont interdites et punissables par la loi.

En Asie, la maltraitance sur les animaux et le trafic reste important.

En France et récemment en Charente, découverte macabre d’une vendeuse d’animaux morts dont des chats (Charente libre) pour revente sous le manteau. Digne d’un polar de Frank Thilliez ou Jean-Christophe Grangé et du dark net.

Le côté positif

C’est reconnu: le chat apporte un bien-être aux humains. Il participe par son ronronnement et aux caresses prodiguées a diminuer le stress. Les personnes atteintes de maladies chroniques psychiques et physiologiques se trouvent apaisées en présence d’animaux dont le chat. C’est aussi un excellent compagnon pour les personnes âgées, souvent seules. Un chat libre les obligera à sortir de chez eux pour le nourrir, le caresser, lui parler. Cela peut favoriser des rencontres avec les voisins et discuter un moment.

Un auxiliaire pour les agriculteur? Dans le Somme, un maraîcher bio cultive des légumes sur 1,5 ha sur une surface maximale de 32 ha. Comme il est en bio il ne peut utiliser certains produits phytosanitaires. Ses cultures sont régulièrement dévastées par les rongeurs, 1/4 de ses choux raves sont détruits,  et les méthodes alternatives ne fonctionnent pas. La solution se trouve proche de chez lui. Une association s’occupe des chats errants de sa commune et lui propose d’en « adopter »5. Bien sûr ces chats restent sauvages mais vont œuvrer dans les cultures. Le maraicher leur offre le gîte et le couvert et eux vont chasser. Le constat est là : beaucoup moins de pertes et des mulots, rats et taupes en moins. Chacun y trouve son compte.

Qu’à cela n’y tienne: quand le chat n’est pas là les souris dansent!

La responsabilité des communes…et la notre

L’humain est à l’origine de la domestication du chat et donc des colonies de chats errants. Il est de sa responsabilité de leur venir en aide.

La loi dit que le maire est responsable des animaux errants de sa commune. Généralement, il paie un tribut à la SPA pour que celle-ci récupère les chats. Mais la réalité et toute autre puisque la SPA est constamment saturée.

Il existe des solutions

La lutte par éradication n’est pas une solution. Il est prouvée qu’elle ne fait qu’augmenter les populations.

L’association One Voice  propose le programme CHATIPI pour les communes. Elle prend en charge l’achat d’un chalet et d’un panneau d’accompagnement, finance la stérilisation, l’identification et le test FIV/FELV (pour une quinzaine de chats maximum). La commune est ensuite chargée de l’entretien et du nourrissage des chats en partenariat avec une association locale, et les habitants peuvent participer. chatipi-le-programme-de-one-voice-pour-les-chats-sans-abri

Les associations 30 millions d’amis, la Fondation Brigitte Bardot, One Voice, SOS Chats Libres, proposent des campagnes de stérilisation et d’accompagner les communes et particuliers dans ces démarches.

Quant à nous, particuliers, il ne suffit pas de déposer des chatons de plusieurs portées différentes dans un panier sur un parking pour se donner bonne conscience; de déménager et se dire qu’il y aura bien quelqu’un pour s’occuper du chat; de dire que la stérilisation coûte chère! Quand on prend un animal comme compagnon on sait à quoi on s’engage. Ce ne sont pas des peluches que l’on offre en cadeau à Noël et que l’on jette au moment des vacances! C’est un être vivant au même titre que nous.

La stérilisation se fait vers 4/5 mois, avant la maturité sexuelle et n’importe quand pour les chats adultes. C’est la solution pour limiter les populations, lutter contre la prédation! Ainsi que de pucer son animal!

Voici les conseils sur cette affiche, mais en gros: nourrissez bien mimi, jouez avec lui, faites-lui des câlins, gardez-le le plus longtemps possible à la maison.

 https://www.lpo.fr/qui-sommes-nous/projet-associatif/positionnements2/position-lpo-sur-la-predation-du-chat-domestique

 

Article: Nathalie Verger

Sources: One Voice, Fondation Brigitte Bardot, SFEPM, 30 millions d’amis, LPO, SPA

 

Article Précédent

Article Suivant