La Cigogne blanche, un échassier emblématique

La cigogne, un oiseau de bon augure et symbole de la naissance. D’après les Germains, la cigogne est une messagère de la déesse Holda, dont le rôle est de réincarner et ramener les âmes des défunts dans le monde des vivants. La cigogne a donc pour rôle d’apporter ces âmes réincarnées en bébés aux parents qui auraient exprimé le désir d’en avoir un. Vous l’aurez compris, la cigogne a inspiré de nombreux mythes et symboles. Mais connaissez-vous vraiment cette espèce ?

Caractéristiques générales

La Cigogne blanche (Ciconia ciconia) appartient à la famille des ciconiidés, regroupant de grands oiseaux au long cou, long bec et longues pattes, communément appelés échassiers. Elle se distingue par son vol caractéristique avec le cou tendu et une envergure impressionnante de 155 à 165 cm. Elle peut vivre jusqu’à 26 ans.

Contrairement au Héron cendré ou à la grande Aigrette, la Cigogne vole le cou tendu, comme les Grues cendrées.

Comportement et communication

Bien que la Cigogne blanche soit presque muette, elle utilise une technique de claquement de bec prolongé pour communiquer, notamment lors des salutations entre partenaires au nid. Ce comportement est accompagné d’un mouvement de la tête en arrière, touchant son dos.

Habitat et nidification

Cette espèce affectionne les milieux ouverts, en particulier les zones humides, bien qu’elle puisse également s’adapter à des environnements plus secs. Pendant la période de reproduction, elle privilégie les vastes prairies humides, contrairement à sa cousine, la Cigogne noire, qui est une espèce bien plus forestière. Elle construit son nid sur de grands arbres capables de supporter son poids ou sur des infrastructures humaines comme les clochers, cheminées et pylônes. Elle s’adapte facilement aux aires artificielles aménagées en milieu urbain.

Migration et répartition

La Cigogne blanche est une espèce grégaire, particulièrement visible en grands groupes lors de sa migration. On peut observer des troupes d’une centaine d’individus faisant halte la nuit sur des dortoirs situés en hauteur pour éviter les prédateurs. Les populations européennes migrent traditionnellement vers l’Afrique subsaharienne pour hiverner. Toutefois, certaines cigognes restent désormais en Europe toute l’année, une conséquence du dérèglement climatique et de la présence de centres d’enfouissement leur fournissant une source de nourriture constante.

Un rassemblement dans la Double en Dordogne

Régime alimentaire

L’alimentation de la Cigogne blanche varie en fonction des saisons et des régions. Elle consomme une grande diversité d’invertébrés (orthoptères, coléoptères, lombrics, escargots) ainsi que des petits vertébrés (poissons, amphibiens, reptiles, petits mammifères). Étant une espèce plutôt opportuniste, elle sait tirer parti des explosions démographiques animales, comme les invasions de criquets en Afrique, les pullulations de campagnols en Europe ou bien encore chez nous l’Ecrevisse américaine. Elle peut aussi occasionnellement être nécrophage et se nourrir de déchets alimentaires d’origine humaine.

Cigogne blanche consommant une écrevisse américaine

Menaces et conservation

Au cours du XXe siècle, la population de Cigognes blanches a fortement décliné en raison de la destruction de ses habitats naturels au profit de l’agriculture intensive et de l’usage massif de pesticides. Le braconnage en Afrique sur les zones d’hivernage a également contribué à son déclin. Grâce à la mise en place de programmes de réintroduction, les populations se sont stabilisées et ont même augmenté. Cependant, certaines menaces persistent, notamment l’électrocution sur les lignes électriques, les collisions avec les éoliennes, l’ingestion de substances toxiques dans les décharges et l’utilisation de pesticides et de produits utilisés contre les rongeurs.

Cigogne blanche électrocutée, décédée après rapatriement au centre de soin suite aux nécroses

La situation de la Cigogne blanche en Dordogne

Les effectifs en Dordogne, comme en France, suivent une augmentation du nombre de couples nicheurs mais  la situation reste fragile. La Cigogne est bien installée sur l’aval de la vallée de l’Isle où elle niche le long de la rivière et dans les zones humides adjacentes depuis plus de 10 ans.  Elle semble prospecter de nouveaux territoires et depuis 2023 des individus fréquentent et nichent en amont de Périgueux. Les vallées de la Dronne et de la Dordogne ne semblent pas encore concernées mais des individus y semblent prospecter.

Texte : Anaïs LIEVIN.
Photos : Anaïs LIEVIN, Sylvain WAGNER, N et D. VERGER.

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