Quelle est l’alimentation naturelle en hiver pour les oiseaux?
En période hivernale les oiseaux ont plus de difficulté à trouver une alimentation qui les aidera a passer la saison froide. C’est d’autant plus difficile pour les granivores et les insectivores exclusifs.
Les omnivores, majoritaires, trouveront comme nourriture disponible des baies entre autres choses.
Des baies d’hiver sauvages
Quels sont les fruits sauvages disponibles en hiver pour les oiseaux?
On ne le dit jamais assez, le Lierre commun est une plante des plus utile. Les humains l’utilisent en phytothérapie, pour faire de la lessive; les arbres l’utilisent pour se protéger du soleil et des intempéries; les insectes et surtout les abeilles l’utilisent pour se nourrir du pollen des fleurs de septembre à octobre attirant ainsi les chauves-souris ; et enfin les oiseaux mangent les fruits noirs dans une période ou la nourriture est plus rare; ils nichent dans le feuillage en période de reproduction. les druides le considérait comme une plante magique. Les merles en sont friands ainsi que les grives, les fauvettes et les pigeons.
L’Eglantier (Rosa canina sp.)fourni des fruits rouges orangés nommés cynorrhodon et sont appréciés par les verdiers. L’Aulne glutineux (Alnus glutinosa) produit de mini pommes de pins en hiver que le Tarin des aulnes pille en groupe. Le Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea) offre refuge aux moineaux et des baies noires en automne. Le Fusain d’Europe (Euonymus europaeus) fructifie en mai et les fruits rose et orange, originaux par leur forme, sont persistants jusqu’à la fin de l’hiver, que le Rougegorge apprécie. Le Gui (Viscum album), plante hémiparasite, fleuri en mars avril et produit des baies rondes et crème en hiver dont raffolent les grives et les fauvettes qui les disséminent facilement. Le Houx commun (Ilex aquifolium) est un arbuste dioïque (il nécessite un mâle et une femelle pour fructifier) et éclaire les journées d’hiver avec ses belles baies rouges foncées écarlates que les turdidés apprécient. Les Geais des chênes sont considérés comme les jardiniers de nos forêts car ils sont friands des glands des Chênes qu’ils trouvent tout au long de l’année et les caches n’importe où pour faire des réserves. Pies, pics, pigeons profitent des caches à fruits de leurs voisins.
Plantez des arbustes à fruits
Pour les aider vous pouvez planter votre jardin d’arbres fructifères et mellifères comme: Le Buisson ardent, le Cotonéaster, l’Eléagnus (goumi), l’Epine vinette, l’Aronia, le Ragouminier, Pommier décoratif…
N’hésitez-pas à garder ou replanter les espèces locales mellifères et fructifères comme le Prunelier, la Bourdaine, le Cornouiller sanguin…
L’alimentation complémentaire des oiseaux en hiver présente-t-elle des inconvénients ?
Oiseaux dépendants ?
Certains affirment que les oiseaux disposant d’une source de nourriture artificielle permanente deviendraient paresseux. Une étude sur l’utilisation alimentaire des petits oiseaux a montré que dans des circonstances normales, la nourriture du jardin ne représente qu’une petite partie de l’approvisionnement alimentaire total. Bien qu’il existe de nombreuses variations entre les zones, les espèces et même les individus, les oiseaux ne semblent pas devenir dépendants de l’approvisionnement humain et ne l’utilisent que comme complément à leur alimentation naturelle.
Gare à l’hygiène !
Cependant, une aire d’alimentation où se rassemblent de nombreux oiseaux de toutes sortes peut contribuer à la transmission de maladies. Lorsqu’une zone d’alimentation est insalubre et mal entretenue, les champignons et les bactéries peuvent proliférer. Au début du siècle, on en a eu l’exemple avec une épidémie de trichomonas chez le verdier.
Il est donc important de veiller à ce qu’aucune vieille nourriture ne s’accumule où ne commence à moisir. Répartissez bien la nourriture sur l’espace disponible et ne donnez pas plus que nécessaire. Ainsi, vous donnez à tous les oiseaux la possibilité de ramasser la nourriture à leur propre rythme tout en éliminant les risques de maladie.
Immunisation sur la table d’alimentation
Des recherches sur les mésanges charbonnières ont montré que c’est sur ces zones de nourrissage que les oiseaux peuvent développer leur résistance aux maladies et aux infections. L’étude a comparé des oiseaux disposant d’un approvisionnement fixe et prévisible et d’autres devant se nourrir dans un environnement naturel et imprévisible. Cela a montré que lorsque le groupe de mésanges nourries de manière complémentaire était exposé à une infection, leur corps réagissait beaucoup moins fortement que le groupe non nourri.
Cette résistance accrue à d’éventuelles infections peut s’expliquer de deux manières différentes :
D’une part les oiseaux disposant d’un approvisionnement sont mieux nourris et ont donc un corps plus sain et une résistance naturelle plus élevée, d’autre part, leur exposition régulière à de petites doses d’agents pathogènes dans une aire d’alimentation par contact avec d’autres oiseaux infectés garantit le développement d’une certaine immunité. Il est important de noter que cela ne s’applique qu’à une zone d’alimentation saine et propre.
En conclusion, il est important de fournir aux oiseaux une source de nourriture stable, prévisible mais également propre pendant l’hiver. Non seulement vous leur offrirez de la nourriture à un moment où ils en ont désespérément besoin mais vous contribuerez également à renforcer leur résistance aux maladies.
Face au déclin des habitats naturels (disparition des fruticées au profit des surfaces cultivées) il est aujourd’hui indispensable de penser différemment la conception de son jardin afin de garder la petite faune locale, de créer un ilot de biodiversité où faune et flore nous offriront tous les services écosystémiques utiles à notre alimentation.
Article: Nathalie verger, Jelle Jellesma, Charlotte Dureau
Photos: Nathalie et Didier Verger