Le jardin de Pascale et Xavier
Depuis mars 2024 Nature en Périgord s’est dotée d’une « charte biodiversité au jardin » sous forme d’un document à signer. Celui-ci énumère les bons gestes a pratiquer dans le respect de la nature, accompagné d’un panneau a afficher à l’extérieur. Il faut être adhérent pour en bénéficier.
Les premiers signataires sont Pascale et Xavier, des représentants actifs de l’association SOS Forêts. Arrivés en 2019 à Saint-Germain-du-Salembre, ils ont acheté une a ancienne bâtisse à rénover incluant un gîte à louer. Situé en bordure de la forêt de la Double, leur terrain se trouve entre un milieu argilo-sableux et un milieu calcaire, avec en contre-bas une petite nauve (ruisseau intermittent).
Aujourd’hui ils nous ont ouvert les portes de leur jardin.
De quelle manière voient-ils le jardin?
SAUVAGE!
En effet, Pascale et Xavier souhaitent que la nature évolue librement. Aussi l’herbe pousse en libre évolution ainsi que les haies. Un petit potager émerge des herbes, protégé des chevreuils avec une clôture. De jeunes fruitiers tentent de grandir sur le sol de la Double. Les fraisiers sauvages recouvrent petit à petit le sol de la cour. La zone des poules est intégrée à la prairie. Un petit bassin abandonné dans les broussailles accueille grenouilles et tritons. Une épuration des eaux usées par les plantes trône sur le côté versant du terrain. Une ruche pédagogique a trouvé sa place au pied des chênes. Une serre en forme de dôme, fabriquée maison, sert de nurserie aux plants et aux lézards.
Tout y est: ronciers, petits fruitiers sauvages (prunelliers, cornouillers, sureaux…), bosquets, arbres, petite zone minérale, prairie, haies, petite source, vieux bâti…la faune peut trouver sa place. La petite nauve en contre-bas permet aux libellules de s’inviter sur le terrain.
Quels conseils pouvons nous leur donner?
Nous leur conseillons de pratiquer des chemins dans la prairie et une fauche tardive avec export des végétaux en automne. Le fait de ne jamais couper l’herbe créé des surépaisseurs empêchant le sol de respirer et limite le nombre d’espèces végétales. Il en est de même dans la zone des poules ou le renard s’est invité le jour de notre venue ne laissant qu’une poule. Ce dernier étant bien caché dans les hautes herbes s’est senti en toute sécurité pour se servir et emmener son butin afin de nourrir ses jeunes.
En croyant bien faire Xavier et Pascale ont installé des pièges à insectes, des plaquettes engluées, afin de lutter contre les attaques des mouches des fruits. Malheureusement ce genre de piège capture également tout autre insecte mais aussi des oiseaux comme le Rouge-queue noir et les mésanges, friands d’insectes, sans oublier des chauves-souris. Ils ont tout de suite retiré ces pièges. Pour lutter naturellement contre les attaques d’insectes il est préférable de planter des espèces variées de fruitiers et de planter aux pieds des arbres des plantes vivaces aux odeurs répulsives pour les uns ou pour les autres. Plus les espèces seront variées moins il y aura d’insectes néfastes aux cultures. De plus les prédateurs comme les oiseaux, entres autres, pourront venir festoyer.
Et pour faciliter la reproduction des oiseaux sur place, installer des nichoirs dans les fruitiers. Les mésanges adorent déguster pucerons et chenilles et nourrissent les oisillons avec ces derniers.
Eviter de garder un bac avec de l’eau stagnante près de la ruche; cela permet aux moustiques de se développer. il est préférable d’aménager le coin de la petite source où tritons, grenouilles et autres insectes aquatiques pourront se développer, consommer les larves, et accueillir la faune pour s’abreuver.
Attention également aux pièges à frelons: ils ne capturent pas que les Frelons asiatiques. Les Frelons européens sont également attirés et sont, pour moitié, morts dans le piège. Bien choisir son piège est difficile et mettre la bonne recette de liquide attractif. Voici de très bon conseils pour fabriquer son piège et son liquide sur le lien France Bleu
En conclusion
Rien ne vaut le sauvage pour attirer le sauvage! Toutefois attention a la fermeture des milieux diminuant l’accueil de la faune et de la flore.
Nous avons partagés nos connaissances avec Pascale et Xavier et ils pourront ainsi améliorer leur terrain entre l’accueil de la faune et usage anthropique.
Article et photos: Nathalie Verger